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[INTERVIEW] Journaliste correspondant pigiste ou en agence de presse : un métier différent

David Courbet (DC) et Bastien Renouil (BR), journalistes correspondants pour l’Agence France Presse (AFP) à Berlin et en Afrique de l’Est pour Arte et France 24, exercent la même profession. Mais travailler pour une agence de presse ou pour un média présente quelques différences.




Question : En quoi être correspondant diffère-t-il du journalisme traditionnel ?

DC : En ce qui concerne l’AFP c’est différent, mais de manière globale, à l’étranger il faut écrire en pensant que son lecteur ne connaît pas l’histoire. Car un lecteur en France ne suit pas forcément ce qui se passe en Allemagne. Il faut donc tout le temps rappeler le contexte.

BR : La plus grosse différence c’est au niveau administratif. Pour la majorité des médias, nous sommes considérés comme des prestataires de services et non comme des journalistes. Nous ne pouvons donc pas avoir de carte de presse. Il y a aussi le souci de la boîte de production. En télévision, quasiment aucune chaîne accepte de payer en piges donc il faut gérer une entreprise : savoir gérer une comptabilité, savoir gérer des salariés. Nous devrions l’apprendre à l’école.


La correspondance permet-elle une plus grande différence de point de vue ?

DC : Pour l’AFP nous ne travaillons pas que pour la France, mais pour le monde entier. Mais de manière globale, les histoires que nous faisons doivent être plus importantes. Les faits doivent être beaucoup plus graves à l’étranger. Il faut donc se positionner au-dessus de la mêlée parce que nous ne sommes informés que par les médias locaux, mais est-ce que ça intéressera le monde entier ou seulement le pays où je suis ?

BR : Je ne dirais pas que nous avons plus de liberté, même parfois c’est le contraire. France 24 étant une chaîne très regardée en Afrique, nous sommes souvent regardés à la loupe. Nous n'avons pas de pression des officiels. Mais ils refusent de nous parler de temps en temps. Il faut donc jongler entre l’éthique de journaliste, l’objectivité et ne pas se faire taper dessus par le gouvernement qui pourrait décider de ne plus nous donner le Visa. Il faut convaincre les gens que notre travail c’est donner la parole à tout le monde et pas uniquement au gouvernement.



Quel a été le plus grand challenge auquel vous avez dû faire face dans votre carrière de journaliste correspondant ?

DC : En ce qui me concerne, cela n’a pas été la langue étant donné que je suis franco-allemand. Mais le challenge le plus difficile a été de redécouvrir l'actualité chaude, surtout politique. Je suis arrivé trois semaines avant les élections législatives où Angela Merkel, chancelière allemande, a de nouveau été élue. Cela a été compliqué de changer de poste, mais la chance que nous avons c'est la cohésion de notre équipe.

BR : Des challenges, nous en avons toutes les semaines, surtout en Afrique de l’Est. Mais le plus gros challenge je dirai la fois où, au Soudan du Sud, j’ai été arrêté à la sortie d’avion, détenu et expulsé le lendemain. Et maintenant je suis interdit d’entrée sur le territoire. C’était un peu particulier et je ne sais toujours pas pourquoi ça s’est passé comme ça.


Jade PIED


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